Puisqu’il me faut me remettre à bloguer (c’est bien parce
que Nicolas Jegou insiste)
Je pourrais faire directement de longs posts Facebook comme Yann que je vous
conseille de demander comme ami puisque c’est la seule façon de le lire (quoi
que je m’en vais de ce pas vérifier si ses billets sont publics, ce qui serait
une bonne chose).
Je pourrais vous résumer l’allocution présidentielle comme
Elodie v1, ou comme Elodie v2.
Trêve de plaisanteries, entre le dépit délire (dépire ?)
et la colère cette pratique du pouvoir nous laisse finalement assez désarmés,
elle est délétère, fondamentalement anti-démocratique et les références
napoléoniennes ne sont pas pour me rassurer. J’ai écrit ailleurs mon appréhension d’un 18 Brumaire, mais pb1/ qui pour jouer les abbés Sieyes, pb2/ le peuple de l’époque était pour Bonaparte, ou d’un décembre 1852 là encore sans un Hugo, qui s’en repentit par la suite comme chacun sait.
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C'est joli les pigeons (ramiers hein, pas bizets parisiens) |
On me faisait remarquer récemment à quel point notre pays
était administré plus que gouverné. Oui, en y réfléchissant c’est frappant :
très peu de politiques de 1er plan au gouvernement (et tous peu issus
de la droite), beaucoup de fonctionnaires plus ou moins hauts dont le coup d’après
ne se joue pas dans les urnes mais dans le pantouflage, a priori assuré si ce n’est
dans une administration ou un un EPIC, dans un groupe privé tant on veille à
ménager l’actionnaire. C’est génial ça évite les couacs et l’électoralisme
diront les uns ! Ça coupe surtout totalement les gouvernants du pays réel,
pas de remontées du terrain depuis les permanences du suppléant à l’Assemblée. Ça
donne un récit en forme d’éléments de langage qu’on se répète en boucle et
entre soi jusqu’à oublier ce qu’ils sont pour y croire vraiment. Je ne sais pas
si vous avez regardé l’excellent sujet de la 5ème sur les russes sous Poutine, mais je commence à croire vraiment que ceux qui nous gouvernent vivent
dans une réalité alternative qu’ils ont eux-mêmes construite, une réalité dans
laquelle :
-
Le logiciel reste bloqué sur les années 90/2000
avec comme marqueurs la sacro-sainte croissance, seul remède possible au
problème de la dette (mais non ceci n’est pas une fuite en avant), la baisse
des impôts, et le chômage sans considération pour la qualité de l’emploi…
précarisons précarisons à coup/coût d’auto-entreprenariat, temps partiel,
multiplication des petits jobs pour les bacs pro qu’il faut développer (ben oui
ça fait plus de gens qui rentrent tôt dans la vie active et la cotisation jusqu’à
64 ans soit bien plus de 172 trimestres… ne perdons pas le fil non plus),
bétonisation de terres agricoles au profit de plate-formes logistiques pour
livrer payables en 10 fois sans frais des biens inutiles à des gens qui n’ont
que ça (la consommation « facile ») pour se consoler…
- L’opposition n’appartient qu’au registre
émotionnel,
elle est colère qu’il faut apaiser, crise de nerfs qui justifie au
mieux une période de convalescence, ressentiment savamment entretenu par une
posture délibérée (oui je crois encore à l’intelligence et au calcul dans l’entourage
présidentiel) mais lui accorder le bénéfice d’une rationalité quelconque est
une faute qu’aucun porte-flingue jamais ne commettra. Le peuple et les
oppositions (politique, syndicale) sont des enfants turbulents qui font leur
crise, ça leur passera… Les parents certes aimants et compatissants, mais
fermes, sont là pour faire leur éducation…
- L’impasse est totale sur les préoccupations
de la
jeunesse : la lutte contre toutes les formes de discrimination (le Conseil
Social de l’Europe vient à ce propos de rappeler la France à ses obligations sur le handicap, tiens, au lieu de nous construire une giga opé de com autour
des jeux Paralympiques) – on peut penser ce qu’on veut du « wokisme »
mais il faut quand même entendre cette demande puissante, contre le
réchauffement climatique et ses conséquences et plus largement pour la
transformation de nos modèles énergétique, agricole et industriel,
et celles des
moins jeunes (le devenir de l’Europe dans un monde multipolaire
Sino-Russo-Américain et marqué par la montée des forces très réactionnaires de
la Pologne à la Turquie en passant par la Hongrie pour rester près de chez
nous).
- Vous l’aurez noté, de tous ces sujets il ne fut
pas question dans l’allocution d’hier. Non surtout pas de projection dans un
destin commun. Une courte vue à 100 jours pour distribuer en aumône des
médecins référents et des vacataires balancés sans formation dans les classes
de nos enfants, mettre au boulot ces feignasses d’allocataires du RSA et
fournir aux entreprises de la main d’œuvre sous-diplômée prête à l’emploi (Ah !
le lycée professionnel) tout en exerçant un chantage indigne sur les syndicats
(et j’avoue que la reprise par les éditorialistes de l’expression de « main
tendue vers les syndicats » me hérisse quelque peu). Vous voyez, un
peu ce que font un peu les mauvais parents après une colère : « change-lui
les idées mais ne cherche surtout pas à comprendre ce qui a motivé cette réaction,
ce serait lui donner trop d’importance ». Bon, cela dit si vous avez été
parents vous savez aussi où ça mène si on ne change rien… répétition,
intensification et rapprochement des colères entraînant la surenchère des
compensations.
Et toujours cette désespérance face à l’absence d’alternative
crédible. Que seuls 4 députés Renaissance aient quitté le groupe reste
affligeant. Il serait aussi naïf de notre part que cette déconstruction
méthodique (d’abord à gauche, puis à droite) de toute alternative crédible ne
fait pas (elle-aussi) partie du projet, un projet fondamentalement techno et
auto cratique Un projet de sachants « pour le bon peuple »
foncièrement anti-démocratique que je finis par redouter autant et détester
bien plus qu’un populisme (auquel je m’opposerais évidemment de toutes mes
forces).
Parce que ne nous y trompons pas, les seuls termes de l’alternative en
2027, si rien n’émerge à gauche ou à droite "de gouvernement" - et cela ne pourra se faire que par le
ralliement d’ex LREM/Renaissance/Avenir en commun (vous avez remarqué il a même
réussi à éparpiller son propre camp) donc difficile en leur cognant dessus à
longueur de temps - seront élitisme technocratique (mais quelle incarnation tant notre si jeune Père de la Nation - je pique l'expression à Yann, quand je vous écris qu'il faut le lire, imprépare sa propre succession ?) ou
populisme.
De droite ou de gauche… on verra bien même si à date, le RN semble
mieux tirer son épingle du jeu qu’une NUPES LFisée.