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samedi 31 octobre 2020

Recyclage / De la bienveillance

 De la bienveillance


D’abord il ne me reste plus qu’aujourd’hui pour utiliser cette fonctionnalité de Facebook. Ensuite en me relisant (et notamment mes billets de premier confinement) je réalise que je n’ai toujours pas écrit ce fameux billet sur la bienveillance. Enfin, je me suis livrée récemment à un petit exercice de bienveillance appliquée sur lequel je voulais revenir.


Tout à commencé par le choix de décor de profil de Fambodji. Fambodji, je la connais de ma vie d’avant chez Aide et Action, grande dame, militante de l’éducation pour tou-te-s. A l’époque elle portait des tenues colorées, et des mouchoirs de tête savamment noués... La dernière fois que nous nous sommes vues irl, c’était à Ouagadougou lors d’un séminaire, elle avait fait venir un couturier et avait insisté pour que je me fasse faire une tenue (tenue que je ne peux maintenant plus porter - sous peine de me faire accuser d’appropriation culturelle mais ceci est une autre histoire). Nous avions ri ensemble lorsque le couturier, prenant mes mesures avait qualifié mes mensurations d’africaines (“elle est taillée comme une fille de chez nous”). Plus tard dans la même semaine je lui avais rapporté de la pommade au karité d’une coopérative... la même pommade ou presque, celle qui me sauve la vie (enfin la peau) chaque hiver, que vend la malienne voilée et forte en gueule du Proxi du Bras de Fer, dieu la bénisse !
Mais je m’égare. J’avais constaté au fil du temps et des publications Facebook l’implication religieuse croissante de Fambodj, après tout c’est son choix me disais-je. Et puis est apparu - peu après l’assassinat de Samuel Paty - ce décor de profil : “Respectez Mahommet, prophète de paix et de tolérance”. Je l’ai donc interrogée sur la signification de ce profil :

  • un appel aux croyants à respecter la parole (de paix et de tolérance donc) du prophète, ou
  • un appel aux non-croyants (j’ai peut-être même écrit mécréants) à respecter un prophète qui n’est pas le leur ?

Je note d’ailleurs qu’elle ne m’a pas vraiment répondu. En revanche ses amis Facebook oui.


Premier constat : nous n’étions pas dans la même posture. Je cherchais à comprendre et à expliquer (pas à justifier), en face on cherchait à convaincre et argumenter...


Deuxième constat : dans ces arguments, certains étaient documentés, bien documentés. Ne jamais oublier que dans la plupart des pays francophones et anciennement colonisés, les élites sont percluses de culture et de sources d’informations françaises. De l’interdiction de Hara Kiri pour atteinte à “la figure sacrée” du chef de l’Etat, aux déclarations de Chirac, jusqu’à l’arrêt du 25 octobre 2018 de la Cour Européenne (finalisé le 18 mars 2019) - je précise que le lien n’est pas vers l’arrêt lui même mais vers un commentaire, les références furent nombreuses, et le climat n’était (malheureusement) pas propice à en apporter d’autres (et puis, j’y reviendrais, j’ai choisi de tenir cette position d’écoute de préférence à une entrée directe arguments contre arguments).


Troisième constat : j’ai pu mesurer la profondeur du fossé, ou comme je l’écrivais à Elodie, j’ai vraiment, par moment, eu l’impression que l’abyme me regardait. Une blessure d’amour propre qui - peut-être - n’est pas seulement confessionnelle, mais qui est profonde. Peu sur ce mur pour rappeler que le prophète lui-même et de son vivant se fichait pas mal de ses détracteurs, ou que les premières victimes des islamistes dans le monde sont de loin et en nombre, des musulmans. Une hiérarchie des normes - pour reprendre un parallèle juridique - bouleversée, et où la vie humaine ne pèse rien face au sacrilège d’un gribouillis.

Quatrième constat : quittant ces rives quelque peu agitées que vois-je : ElodieLaurence parmi d’autres prennent leur casquette d’athées militantes. Je vous résume en gros : “les religions - toutes les religions, c’est du caca de prélat ou de bigote rassie, de l’endoctrinement et de l’asservissement, de la guerre de religion en puissance, non à l’opium du peuple...” ?
C’est une opinion, c’est la leur, et elles l’expriment Youhou !


Et moi dans tout ça je fais quoi ?


Je dis stop aux postures caricaturales (désolée pour cette référence mais elle me semblait particulièrement appropriée) ! Arrêtez, mais tous, d’asséner vos vérités ! Prenez le temps d’écouter, de vous poser. Accueillez la parole des autres, ignorez les injures et accrochez-vous à la moindre étincelle de bienveillance et de dialogue. La haine de l’autre est toujours une haine de soi (et je pourrais ici entrer dans une longue disgression sur le fait que des caricatures - non des pratiquants eux-mêmes pris dans leur ensemble - mais des dérives de certains, de la bigoterie et de l’intégrisme - ne sont pas des manifestations de haine mais une invitation - par le rire - à prendre du recul sur soi et sur l’image que l’on donne de soi - mais ce n’est pas le lieu). Soyez bienveillants envers les bienveillants, au mieux ignorez les autres (ou si vous êtes choqué comme j’ai pu l’être par @Aïssatou, répondez simplement, calmement et respectueusement en disant pourquoi et en quoi ces propos vous choquent, sans chercher à choquer en retour - même si c’est violent et que la tentation est forte, surtout si c’est violent et que la tentation est forte). Les caricatures vous choquent ? Vous avez le droit d’être choqués et de l’exprimer, y compris sur la place publique, pas celui d’appeler à la haine et au meurtre. Dites, posément - en faisant des vraies phrases - pourquoi et en quoi cela vous choque, et débattez-en entre vous, ni plus ni moins - en somme - que l’exercice que proposait Samuel Paty à ses élèves.


Je ne vois pas d’autre chemin que celui-là. Il est difficile, il requiert de la patience et un rien qu’un peu de maîtrise de soi, mais tous les autres sont des impasses. L’extrémisme ne se combat pas par un autre extrémisme...

Cet appel vaut évidemment pour ce sujet comme pour d’autres...

La voilà, ma bienveillance à moi (sur un air de Julien Clerc), le choix d’une voie difficile et escarpée, à 2 000 lieues de toute forme de gnangnanterie.

Sur ce confinez bien et ne passez pas trop de temps sur les réseaux quand ils deviennent asociaux.

vendredi 23 octobre 2020

Recyclage / Fidèle au poste

 Fidèle au poste


D’une part ça faisait longtemps que je n’avais pas écrit ici,
D’autre part je me dépêche puisqu’apparemment ce ne sera plus possible de le faire après le 31 octobre, raison de plus pour que Nicolas se dépêche de créer sa page de collecte Téléthon pour faire pêter le compteur et que je crée mon blog.

Mais fidèle au poste je suis, et fidèle au poste je reste...

Fidèle à ce job qui est tellement plus qu’un job, fidèle aux familles, aux chercheurs, aux professionnels de l’accompagnement, mes collègues... Fidèle aux bénévoles pour lesquels j’avoue et renouvelle une admiration sans faille, qui se démènent pour sauver ce qui peut l’être, réinventer le reste, et imaginer de nouvelles mobilisations. Leur engagement force le respect et nous oblige aussi rien qu’un peu, nous les “professionnels”...
Fidèle -oh combien- à ma dream team (CécileChristopheChristelSakina, Sandrine, LaurenceOlivierSwierczynski - qui ne fait décidément rien comme tout le monde - Olivier, Pauline, Nabil, Nathan, Lucas, Lorraine qui vient d’arriver, Delphine, Marie Emilie, Zahia, Isabelle, Elisabeth, Elodie évidemment...) et consciente qu’il va nous falloir tenir sur la durée, jusqu’au week-end des 4 et 5 décembre, jusqu’au 31 décembre, jusqu’au 28 février...


Fidèle aussi - et ça ça m’énerve un peu quand même - à un sentiment étrange de décalage, une sensation de vivre l’actualité par procuration. Etre tellement prise par ce job, par les conséquences de l’actualité sur ce job qui est tellement plus qu’un job , que l’on a l’impression de vivre autrement cette actualité et ces émotions nationales, de ne pas les vivre pleinement, de les vivre en décalé, de les vivre sans les vivre parce qu’il faut agir et réagir, bosser malgré tout, avancer sans s’arrêter.

  • 14 novembre 2015 : au volant de ma petite Meriva je traverse le bois de Boulogne en pleurs pour rejoindre les équipes FTV à Saint Cloud - plus de champ de Mars, on a 3 semaines pour se retourner... Derrière tout s’enchaîne, je n’aurai plus le temps de pleurer.

  • Décembre 2017, les funérailles de notre Jean Philippe Smet national - non seulement je n’en partage pas l’émotion (alors que bon quand même, en vrai c’est un peu notre Elvis à nous, en temps normal j’y serais allée de ma larmichette et de ma playlist à base de Laura et Allumer le Feu...) mais là je dois bosser plus que “malgré”, je dois même bosser contre puisque la cérémonie relègue notre événement, le même week-end au second plan. J’aurais plus tard l’occasion d’échanger avec un bénévole sidéré (“Non seulement il n’y avait personne dans la galerie commerciale où j’avais posé mon stand, mais le peu de présents étaient scotchés devant les écrans TV de l’hyper, à regarder la cérémonie à la Madeleine”).

  • Je passe sur 2018, les gilets jaunes, le renoncement (encore) au plateau prévu à la Concorde et le rapatriement sur les studios de Saint Cloud...

  • J’exagère, l’an dernier c’était presque roulant (enfin sauf le mouvement social du personnel du même nom), même que Mounir est venu nous rendre visite à la Villette ! Tiens Nicolas je te laisse choisir à quel seuil de collecte je sors la photo du député en compagnie de Peppa Pig...

Et là, ce cross-over COVID-19 / Samuel Paty euh... D’accord on aime les challenges mais enfin...

Mais bon fidèle au poste quand même, toujours et plus que jamais donc...

Fidèle aussi et aussi toujours et plus que jamais à mes convictions...
Sur la laïcité, sur le rôle de l’école, sur l’ADN de gauche (enfin mon ADN de gauche, un peu voltairien, résolument anti-bigots - ne pas confondre avec anti-telle ou telle religion : je veux juste dire que les pratiques religieuses n’ont pas, en aucun cas et sous aucun prétexte, à prendre le pas sur la règle républicaine), sur le rôle de l’initiative privée dans l’intérêt général, plus proche du terrain et souvent plus efficace que nos bureaucraties mal décentralisées/déconcentrées... Au passage et pour les amis LFI /EELV qui me lisent, si vous pouvez faire un peu de tri dans vos idées, ne pas confondre anti-”islamisme radical et politique” et islamophobie, pas non plus islamophobie et racisme anti-maghrébins, anti-noirs. Comme je l’écrivais ailleurs mon arrière grand père SFIO n’a pas bouffé du curé toute sa vie pour voir ses pseudo successeurs s’amuser à flatter des bigots, fussent-ils d’une autre confession. Merci !

Fidèle enfin à ma posture sur les rézosociaux et asociaux (re spéciale dédicace Gildas Debaussart et Christophe PITON ceux qui savent). Debunker la fake news quand on le peut, débattre - vraiment - y compris et surtout avec celles et ceux avec qui on n’est pas d’accord - en tout cas pas sur tout -, passer en MP quand ça monte un peu trop dans les tours, s’enrichir d’idées inattendues et de regards différents. Ces derniers mois auront été riches de ce point de vue là (merci docteur Raoult, merci les masques, merci la Suède). Ce paragraphe est dédié (liste non exhaustive) à Guy-AlainLudmillaLaurentRichardNicolas et Nicolas et même indirectement Jean-PaulElizabethElodie of course, RémiPhil et PhilippeAlexandre... désolée pour ceux que j’oublie.

Fidèle au poste donc ! Rendez-vous ici ou ailleurs un peu plus tard (pour le “ailleurs un peu plus tard” vous aurez bien compris que ça dépend de Nicolas et du succès de sa collecte).

Couvre-foyez bien, sortez couverts, prenez soin de vous et de votre réserve de bienveillance - m’est idée que ça va encore pouvoir servir !

mercredi 3 juin 2020

Recyclage / Georges, Adama, mais aussi Cédric, Steve et tant d'autres...

 Georges, Adama, mais aussi Cédric, Steve et tant d’autres...


Hier les restaus et cafés ouvraient, en terrasse à Paris. Chez moi la principale conséquence aura été l’invasion du trottoir d’en face par le restau du rez-de- chaussée, avec lequel on est fâchés parce qu’on n’a pas fini d’entendre sa soufflerie installée sauvagement et en dépit de toute réglementation juste au dessus de nos fenêtres côtés courettes... Choix cornélien par une chaude soirée d’été : ouvrir côté rue et jouir du boucan de la terrasse, ou côté courettes pour le doux vrombissement de la soufflerie, ou des deux côtés pour le courant d’air avec combo décibels ! Ce devait être l’événement du jour, ce ne fut qu’un épiphénomène...


Tout a commencé par des photos sur le groupe facebook PARIS 17 ème (75017), à moins que ce soit le défilé de motards rue des Batignolles, je ne sais plus très bien. Un petit moment de stupeur en mode “euh c’est des photos d’ici et maintenant ça ?” Une foule dans la rue, devant le nouveau palais de justice et le nouvel hôtel de police ? Indice : même si les distances physiques ne sont pas respectées, beaucoup ont des masques ET ne sont visiblement pas des casseurs”.



1er constat donc, je n’étais pas au courant, mais genre pas au courant du tout... je savais tout des déclarations du chef de la police de Houston, du #blackouttuesday et des publications ou photo de profil noires toutes noires... et je ne savais pas qu’un appel à manifester à 2km de chez moi avait été lancé, puis interdit (ou plus exactement dont l’interdiction avait été rappelée) par le préfet de Paris. Les bulles, c’est une réalité et c’en est flippant ! Et 1 point pour la distanciation sociale !


2ème constat : visiblement c’était plutôt bon enfant, pas monochrome et donc plutôt réjouissant, rafraîchissant avant l’intervention/dispersion par les forces de l’ordre. Après la dispersion un petit groupe a donc descendu la rue des Batignolles, sous les applaudissements (au fenêtres et aux terrasses) et en nous prenant à parti “Ne nous regardez pas, rejoignez-nous !” (sur la scansion de “1ère, 2ème, 3ème génération, ça rappellera des souvenirs à certains). Et bon, bien, on dira ce qu’on voudra mais c’est vrai que ce côté black/blanc/beur #BlackLivesMatter ou tout ce que vous voudrez fait chaud au cœur...

Mais... ben oui il y a des mais sinon ce serait trop simple

De quoi t’es-ce donc au sujet qu’on cause ? et qu’est-ce qu’on compare ? D’un racisme institutionnalisé logé au cœur des forces de maintien de l’ordre ? Une forme de racisme d’Etat comme y disent ?


Et Steve Canisso, et Cédric Chouviat, et Rémy Fraisse alors ?


L’éclairage était mauvais on les aurait confondus avec des noirs ? OK donc on parle d’une doctrine de maintien de l’ordre qui mériterait grandement d’être révisée et d’une impunité (en tous cas perçue) des forces de l’ordre qui nous éloigne un peu beaucoup de l’exemplarité républicaine d’un serviteur de l’Etat ?


Un peu des deux dans un grand gloubi boulga et c’est un peu ça qui me gène quand même, aux entournures et au-delà !


Ne pointer que le racisme (supposé mais non démontré) dans le décès d’Adama Traoré, c’est quand même faire fi un peu vite de Cédric, Steve et Rémy pour ne parler que de ceux qui ont fait la Une des journaux...


Ne pas admettre que ce racisme existe s’abattre comme une volée de moineaux corbeaux sur Camilla Jordana (dont la déclaration était - quand même - d’une bêtise abyssale cela dit de même que son choix de chant à ladite manif “time to pick up our guns” était au mieux une provocation calculée - au pire une autre bêtise), c’est faire fi d’une autre réalité et ouvrir un boulevard aux identitaires racisés de tout poil.


Bref en tout l’outrance est mauvaise conseillère et en tout je la retrouve souvent... #OuPas.


Il y a dans la police (et la gendarmerie) un problème de doctrine sécuritaire, un problème d’impunité combinée à l’omerta, mais aussi de racisme ou a minima de biais culturels, mais aussi une réalité d’exercice des missions en milieu hostile voire de guet-apens qu’on ne peut pas juste, comme ça, mettre au rang “ des risques du métier, ils l’ont choisi tout ça”. Le tout forme un cocktail détonnant et ne pas le reconnaître, ne pas s’attaquer au-x problème-s est une faute politique. Bref il n’y a pas que des violents, pas que des racistes, pas que des sexistes... mais il y en a et le nier n’aide pas à apaiser la relation avec la population, ni à valoriser ceux qui font correctement, et avec dévouement, leur métier.


De même que nier l’existence, dans certains quartiers, d’éléments radicalisés, ultra violents ou juste désoeuvrés, dopés au discours victimaire n’aide pas non plus à se sortir le c... des ronces. Je vomis les identitarés , mais vraiment...


Pas pour leur diagnostic, il est construit, il est fondé, il fait sens... Nier le racisme systémique, faire de l’angélisme universaliste ou tout ramener à la question sociale, ne résoud rien... Je suis raciste, ça me fait mal de l’écrire, mais le nier fait encore plus de dégâts. Pourquoi affirmer un tel truc ? Parce que quand je vois une femme noire avec un bébé blanc je pense nounou, et quand je vois une femme blanche avec un bébé noir (ou métis mais c’est pareil en fait - autre signe manifeste que NOUS sommes racistes - vous avez sans doute remarqué, Obama est toujours noir, pas blanc alors qu’on est d’accord il est les deux à parts égales !), bref je me reprends quand je vois une femme blanche avec un bébé noir - je peux penser adoption avant même d’envisager le couple mixte. Je suis raciste quand je me félicite d’avoir cédé ma place dans le bus à ce papa noir avec ses enfants en bas âge - il n’y a pas plus de fierté à avoir à le faire pour lui que pour n’importe quel papa, n’importe quelle maman. Je suis raciste parce que je vis et j’ai été éduquée dans une société ethnocentrée (et donc dans laquelle ce qui n’est pas blanc est noir CQFD) et que je l’ai tellement intériorisé que je ne m’en rends pas (toujours) compte. Avoir des amis noirs n’y change rien, ou si peu...


J’ai aussi des préjugés sur les pauvres - avec ou sans dents - sur les riches, les bistros et les coiffeuses, les bretons (et surtout les bretons amateurs de bistros) et même les catalans... mais de même que la plupart des hommes ne réalisent pas toujours que leur vision du monde est patriarcale et sexiste, il peut m’arriver d’oublier que ma vision du monde est filtrée, racisée donc (#maispasque, socialement filtrée aussi etc... je ne vais pas vous la refaire) !


Donc presque OK sur le constat... En revanche les solutions... Elles reposent sur un substrat d’une grande perversité intellectuelle : elles tirent leur légitimité d’une aspiration à l’universalisme pour mieux saper l’idée même d’universalité. (J’ai de la suite dans les idées j’en ai de même et pour les mêmes raisons contre les féministes différentialistes - raison pour laquelle, on y reviendra peut-être #oupas je vomis également l’écriture inclusive - grammaticalement le “masculin” est un neutre - le mâle n’a pas de genre grammatical #épicétou).


Leur “nous” exclut. Non ma chère Rokhaya l’animalisation du corps de la femme n’est pas propre à la femme africaine vue par l’homme blanc, message des chiennes, truies, grues et autres poules aux panthères et aux tigresses... Quand nous avons des combats communs, menons les ensemble et pas isolées... Ce chemin-là me semble fructueux... Le tien ne fait que diviser encore plus, il cherche la revanche avant de chercher la paix... Je n’ai pas vécu ce que tu vis... et alors ? Que sais tu de moi d’abord ?


“Ne nous regardez pas, rejoignez nous” je ne sais pas, je ne saurai peut-être jamais si ce slogan était spontané... mais adressé aux parisiens aisés d’un 17ème hybride - entre l’avenue de Clichy et Malesherbes - celui là je suis prête à y adhérer. Cette invitation-là je suis prête à l’accepter. Parce que Césaire avait raison, parce que le colonialisme nous a autant abîmés qu’il vous a torturés (et on est d’accord tout ça est symbolique et historique, à commencer par le “nous”), parce qu’il a miné le cœur même de l’universalisme.


Je suis certaine d’une chose : ce n’est qu’ensemble qu’on avancera. C’est un chemin exigeant, parce qu’il suppose de l’honnêteté et de la lucidité (et le courage de cette lucidité)... Affronter les réalités, même celles qui dérangent, sans esprit de corps... Accueillir la complexité, refuser le simplisme et ensemble travailler, travailler, travailler... Je ne connais pas d’autre voie !


“Ne nous regardez pas, rejoignez-nous”


Il s’est peut-être passé quelque chose hier, vraiment...


jeudi 7 mai 2020

Recyclage / Quoi, déjà ? Non mais attendez...

 Quoi, déjà ?! Non mais attendez...


Allez, reconnaissez-le quoi... ces derniers jours de confinement (enfin à l’heure où je vous écris Edouard Philippe n’a pas encore parlé donc...), ont un petit air de familiarité... si si si ils vous rappellent quelque chose !

Mais si, ces fin août/début septembre interminables, on était rentrés du camping/du VVF/ de la colo/ de chez les grands parents mais pas encore au collège ou au lycée. Les parents qui avaient repris leur taf n’étaient plus, mais alors plus du tout disponibles pour une partie de tarot, belote, monopoly ou autre cluedo. A la télé la 12ème rediffusion de Belle et Sébastien, ou Pony, en tout cas une adaptation de Cécile Aubry n’était plus trop de notre âge, et les copains n’étaient pas encore rentrés, enfin pas tous et surtout pas ceux qui nous intéressaient... On traînait notre ennui et le fil de l’unique téléphone du foyer à longueur de journée, avec à la bouche un seul sujet de conversation, une seule question... “C’est quand la rentrée ?”


le paragraphe qui suit est un edit dédicacé à Marie Eve [merci !]

Enfin ça c'était quand les devoirs de vacances avaient été éclusés et à condition qu'aucun adulte de l'entourage n'ait eu la brillante idée de nous confier [le petit frère / les cousines / le chien le chat], qu'on avait eu 100 fois la tentation de balancer par la fenêtre, épuisée que nous étions d'une responsabilité H24 et d'une charge mentale disproportionnée à notre âge [mais l'expression n'avait pas encore été inventée].


En tout état de cause, il fallait que ça cesse et dans notre notre promenade quotidienne, comme un fait exprès, on passait l’air de rien devant le panneau d’affichage du collège ou du lycée, impatient-e d’y voir le jour et l’heure de la rentrée des [coche une case de 5ème à terminale à peu près].



Et puis d’un coup tout s’accélérait. La date fatidique enfin révélée, on n’avait plus le temps de rien. “Non mais maman mes cheveux ça craint VRAIMENT, si tu m’obliges à reprendre les cours coiffée comme ça j’aime autant garder un keffier sur la tête toute la journée, j’ai PAS DE VESTE METTABLE, et les fournitures, elle est où la liste qu’ils avaient donnée en juin ? Non et puis retrouver les horribles soeurs Bidultruc, et la prof d’Allemand “Du sollst mehr arbeiten !” , non AU SECOUUUUUUUUUURS ! J’veux pas y aller !”

C’est bon, vous l’avez ?

Bon mais heureusement, je vous écris tout ça, avant, bien avant le discours d’Edouard Philippe !

jeudi 23 avril 2020

Recyclage / ça faisait longtemps non ?

 ça faisait longtemps, non ?

On était entrés en confinement encore en hiver (si si le printemps c’est le 21 mars, ou le 23... en tous cas un merdanche, bref je ne sais plus), et là c’est presque l’été au début j’ai fait des billets un peu, beaucoup, trop, pas assez, je ne sais plus non plus... Sauf que Marie Eve aimait bien, ou pas, je ne sais plus très bien...


On avait peur de bingewatcher et résultat on est toujours planté au 3ème épisode de la saison 2 de Sériebidule, trop la flemme d’avancer, jamais le bon moment #ToutçaElodie le raconte très bien dans son épisode 18 ou 16 ou quarante-douze je ne sais plus non plus...


Même Passion Chloroquine je vous avoue j’ai lâché en cours de route, trop convenu, trop stéréotypé.


Franchement les scénaristes en télétravail ça manque d’imagination : à ma gauche (souvent mais je dois aussi admettre que j’ai peu d’amis aussi à droite que ne sont de gauche mes amis très à gauche - je vous laisse réfléchir sur celle-là) des complotistes/naïfs/enthousiastes (rayez les mentions superflues) qui exultent devant le fantasme ultime de collusion entre le grand (diabolique) capital et les institutions. Bref ils n’ont pas compris ou font semblant de ne pas comprendre qu’il est plus rentable pour Sanofi d’inonder le monde d’une molécule déjà amortie et qui ne coûte rien ou presque à fabriquer que de développer des trucs neufs en investissant dans beaucoup d’impasses beaucoup d’argent en espérant que parmi toutes ces impasses il y ait un truc qui marche, et certainement pas (en plus) le graal spectaculaire mais un truc qui, sur une catégorie de patients et un tableau clinique donné, améliore un tant soit peu le pronostic (qui à la base et pour Monsieur - enfin surtout Madame, et si en plus elle est fumeuse je te raconte même pas - “tout le monde” est - rappelons le, pas -si - dégueu). #PassionIncises

En face des chercheurs qui (re)découvrent d’un coup les vertus du peer review et oublient aussi un peu vite les magouilles, le mandarinat et les et je te retarde la publi de bidule histoire d’avoir le temps d’avancer sur la mienne sur le même sujet (si si si je vous jure dans le monde merveilleux de la recherche ce sont aussi des choses qui arrivent mais bon #StopFantasmes là aussi : en vrai il y a quand même plus de reviewers bienveillants MAIS exigeants genre Xavier), des politiques qui s’inventent une autorité en matière de recherche, des effets secondaires négligeables pas si négligeables... tout ça est d’un ordinaire... Et d’ailleurs le public ne s’y trompe pas qui a un peu lâché l’affaire aussi, il faut bien dire...

Sur la chaîne d’en face on a tenté de lancer #PassionTestsEtMasques... mais bon là aussi une fois que tu a compris les emplois, c’est assez convenu avec (en gros mais pas beaucoup de nuances de toutes façons) le camp de “en vrai on en manque donc on va plutôt dire que ça sert à rien ça passera crème...” contre le camp de “mais putain c’est tout le monde qu’il faut masquer/tester... bande de nazes”. Ouais OK mais tout le monde une fois ? Avec 30 à 40% de faux négatifs sur des personnes symptomatiques on va bien rigoler, et quand bien même tu étais négatif lundredi ça donnera quoi jeumanche ? Tout le monde tous les 5 jours (min incubation si j’ai bien tout lu) ? 396 millions de tests par mois yalah ! Il va en falloir des réactifs et des laborantins... Ça c’est pour les tests, pour les masques on passe à l’arc narratif “Kicéki qui a laissé périmer/n’a pas remplacé les masques ? “, là aussi somme toute assez peu de créativité dans l’écriture du scénar (quand je pense que je suis passée à #ça de me fâcher avec Mehdi, non mais allô quoi !).

Côté #PassionMasques

ma petite entreprise perso s’achève sur la réalisation de 8 masques tissu triple épaisseur pliage Afnor et sur une illumination sur le multitasking féminin.

Si si si souviens toi ces arrière-grand-mères à l’ouvrage à la veillée - qui participaient à la discussion mais toujours occupées avec un truc dans les mains et bien toi c’est la même.
OK, à un moment tu avais remplacé la couture, la broderie ou le tricot par un autre truc un peu itératif et mécanique genre candy crush ou sudoku mais

en fait

c’est

juste

pareil...

Bon sinon j’ai les doigts en bouillie et j’ai amélioré le design d’origine pour remplacer les brides par des glissières où je passe un ruban ou de l’élastique quand j’en aurais... Je sais tu t’en fous mais je te raconte quand même, on est sur Facebook, t’as oublié ?

Voilà, sinon au final je crois bien que ce que j’ai lu de plus intéressant dernièrement sur les Rézosociaux c’est le témoignage de Rémi de passage à Metz depuis sa Tchéquie d’adoption et son rapport d’étonnement sur l’ambivalence de notre rapport - à nous français - à l’Etat (ex. qui doit fournir les masques sinon on n’en porte pas), à la responsabilité individuelle et collective et au civisme tout simplement.

Bon sur ce je vous laisse, continuez de bien confiner et faites des stocks de bienveillance, on annonce une pénurie imminente !


vendredi 3 avril 2020

Recyclage / je vous demande de vous arrêter (billet énervé)

 Je vous demande de vous arrêter... (billet énervé)


On démarrait [ben oui “steup, continue, écris des billets” qu’ils disent, mais ça prend du temps d’écrire, faut pas croire non plus] notre troisième semaine de confinement et je me disais que les choses allaient se calmer, qu’on allait entrer dans une routine bien rodée... Mais... rrrain du tout, queud (désolée pour la familiarité), peau d’chi...

Côté boulot, c’est réunion sur réunion sur réunion, entrecoupées d’appels et de sms sinon c’est pas drôle, les horaires les plus improbables semblent permis puisque “de toutes façons tu ne bouges pas, hein”...
Ben voyons ! Quand dans tout ça tu es censée cheffer Elodie, 1ère à protester 1ère à transgresser avec des mails le dimanche, je vous jure, c’est pas de tout repos !

Côté vie sociale essaie l’anniversaire en mode confinement, vas-y essaie ! Les skypéros famille, belle-famille et amis, les notifs facebook et whatsapp (y compris sur les boucles où tu n’es pas mais c’est corrigé merci Laurence) les sms et les vocaux, répondre à tout le monde parce que quand même c’est gentil... C’est bien simple ça m’a E-PUIS-EE... Comme je le disais à Benoit je me souviendrai longtemps de cet anniversaire. Spéciale dédicace à Marie Eve qui a quand même réussi à glisser une demande de billet dans son message de bonnanniversaire.
Tu l’as voulu, tu l’auras !

Côté RézoSociaux on attaque la saison 3 de #PassionChloroquine. Ça se déchaîne de tous côtés à tel point que l’illustre gourou lui-même doit se fendre d’une vidéo pour dire - en substance -

Les petits chats je vous aime beaucoup beaucoup beaucoup mais sans ECG et sans dosage du potassium... la chloroquine c’est NON en fait...
”.

Sans blague !
Et, un jour, peut-être, on commencera à mesurer le temps perdu à ne pas avoir fait les choses proprement et - si l’effet de la chloroquine devait être confirmé, ce qui reste donc à démontrer - à compter le nombre de “pertes de chances” dans la réalité pour avoir voulu éviter les pertes de chance dans le bras placebo d’un essai correctement conduit, #oupas. Mais la croisade d’une diva de la recherche contre l’establishment et la méthode scientifique vaut bien ça !


Evidemment ce qui figure plus haut n’est qu’un avis personnel, mais puisque tout le monde y va du sien dans ce délire postmoderne où la science devient une question d’opinion comme dans un billet partagé par Laetitia... Les grandes crises de l’histoire ont toujours été accompagnées d’une régression des idées, on ne voit pas pourquoi celle-là y échapperait (et ça - entre nous - ça, ça me fait vraiment peur).

Tout le monde n’est décidément pas familier du “vrai” temps de la recherche, celui que connaissent trop bien les familles de l’AFM-Téléthon. Franchement les gars, là ça va vite, ça va très très vite même ! Mais oui, la vérité du combat contre la maladie, contre n’importe quelle maladie, qu’elle touche 1 personne sur 1 million ou le monde entier, est que c’est un chemin semé d’embûches, de vraies trouvailles et de faux espoirs, d’avancées fulgurantes et de coups d’arrêt, d’enjeux scientifiques, éthiques, économiques, industriels... Un chemin exigeant, ouvert aux intuitions et à la créativité mais un chemin méticuleux aussi, un chemin ingrat fait de ténacité et de rigueur. Demandez juste à ChristelleXavierAlexandre ou Fanny par exemple.

La colère contre l’impuissance médicale, contre l’absence de remède est une colère qui m’est devenue trop familière pour ne pas la reconnaître dans cette #PassionChloroquine.


L’observer renforce encore - s’il était besoin - mon admiration pour MarinaBenoitLaureChristineFrançois leurs camarades et leurs prédécesseurs, qui ont su dépasser cette colère - qui dans leur cas se doublait d’une indifférence quasi générale - et en faire un moteur, une force incroyable [spoiler], une force qui chaque année fait bouger des millions de français.

Voilà, c’est pour cela, mes chers amis, que “je vous demande de vous arrêter” , votre colère, vos colères (parce qu’il n’y a pas que la chloroquine, y a aussi les masques, Sibeth, les incompétents, les imprévoyants, les inconsidérés, les méprisés, les oubliés et évidemment que j’en oublie...) sont légitimes, mais en fait juste stériles. Vous vous épuisez à coup d’invective et de trolling sur les réseaux sociaux et les réseaux asociaux (dédicace Christophe et Gildas #CeuxQuiSavent), la dépression vous guette, le désespoir n’est pas loin pour certains si j’en crois mes DM... Transformez cette énergie qui vous dévore et qui vous mine, en vrai, agissez bordayl !

“T’es con ou quoi ? On ne peut pas agir on doit rester chez nous !”

[respire]


Alors...



Déjà, si vos comptes bancaires le permettent, vous pouvez soutenir ceux qui sont au front (voir mon article précédent pour liste de références à compléter). Ensuite le Secours populaire ou Les Petits Frères des Pauvres pour ne parler que d’eux ont des missions pour vous.
Si vous avez une machine à coudre, faites comme la famille de David ou Florence et lancez vous dans la couture de masques textiles... Evidemment si vous avez une imprimante 3D comme Ingrid vous pouvez vous lancer dans l’impression de porte-visière pour les soignants avec www.visieresolidaire.org et si vous n’en avez pas, comme Laetitia faire connaître ce service à un établissement de soin qui en exprime le besoin, ou si vous connaissez des industriels qui ont des bobines de plastique inutilisées aussi par exemple hop hop hop MP please @ Shields - visieresolidaire - Covid19 - Anthony - Île-de-France. Distrayez nous avec de belles images, des performances artistiques, de l’humour, ça compte aussi, et ça compte beaucoup !
Et puis si vous entrez dans les critères, vous pouvez toujours vous déplacer jusqu’à un point de collecte EFS, ça c’est autorisé.

Voilà, arrêtez de pigner, ça ne sert à rien et ça vous épuise, vous tournez en rond dans vos lieux bocaux de confinement, sur vos écrans et dans votre tête. Rendez-vous utiles, vous vous sentirez mieux...

Et oui demain est toujours un autre jour et il nous faudra toujours un max de forces et beaucoup [mais alors vraiment beaucoup] de bienveillance pour le construire ensemble !


Bisous confinés !