J’étais tranquillement confinée dans mon bel appartement parisien, tranquille à observer les 2 couples de pigeons ramiers et le couple de pies du bout de ma rue (à ce propos j’ai la nette impression que cette année les pies ont jeté leur dévolu sur l’arbre d’en face, la construction du nid va être passionnante à observer... mais je divague), quand la réalité m’a rattrapée comme une évidence...
Nous sommes dans l’oeil du cyclone, à tous points de vue...
Dans l’oeil du cyclone sanitaire c’est une évidence - confinés bien à l’abri et sans symptômes - on peut bien applaudir les soignants à 20h et ergoter pour ou contre Raoult sur les réseaux sociaux, on est bien incapables d’empathie avec ceux qui, en première ligne prennent des risques pour eux-mêmes et leurs proches, se “coltinent” les détresses respiratoires en se demandant “et si ça marchait et qu’ils avaient été traités plus tôt ?”, perdent des patients et ne voient pas les 80% de malades qui guérissent sans avoir besoin d’eux...
Je suis dure ? Non, lucide, on peut compatir, on peut les écouter si on en connait, on ne peut pas se mettre à leur place, eux sont confrontés à l’impensable.
Dans l’oeil du cyclone social c’en est une autre... J’ai dit, je répète “bel appartement”, un espace et un ordinateur pour chacun, (en extra bonus... des enfants qui ont passé l’âge scolaire !), ce n’est certes pas la situation des réfugiés de l’île de Ré, mais bon d’ici à se plaindre de ses conditions de confinement... Avec des métiers d’ultra cols blancs totalement gérables en télétravail, pas de pression pour sortir travailler la peur au ventre ou mourir d’être allée scanner vos courses comme une vulgaire caissière de Carrefour. Comme le disait un ami qui n’est toujours plus sur Facebook, ça t’envoie un signal sur les métiers “vraiment” utiles et une bonne perf d’humilité (pourvu que ça dure).
Dans l’oeil du cyclone politique... A ma droite j’entends encore des voix, des élans Bolsono-Johnsono-Trumpiens pour nous dire que la réalité sanitaire mérite moins notre attention que les projections économiques, que la récession due au confinement fera plus de victimes que n’en aurait fait le virus. A ma gauche on fustige des années de politique gestionnaire et fortement imprégnée de libéralisme et on se prend à rêver déconsommation (sans visiblement toujours en tirer toutes les implications sur l’emploi par exemple soit dit en passant). C’est Cuba qui envoie de l’aide humanitaire et c’est le Mexique qui ferme sa frontière... et partout commence à se faire entendre la petite musique plus que préoccupante du #OnNoublieraPas.
Dans l’oeil du cyclone de l’histoire enfin parce que le temps du confinement pour les uns et de l’urgence absolue pour les autres et de la peur au ventre pour les encore autres reste un temps suspendu entre un avant dont on commence tous à comprendre... plus ou moins... qu’il est révolu et un après qui est un saut dans l’inconnu ! C’est aussi les retrouvailles avec le temps du pire : marché noir (de masques) et délation (d’infirmières et de soignants coupables de risquer leur peau pour nous...), retrouvailles qui ne stupéfient pas qu’Elizabeth !
Et sinon les gens commencent à comprendre un peu mieux le décret Hydroxychloroquine et ils ne sont pas contents.
Désolée pour ce billet, je vous avait bien dit que le stade dépression n’était pas loin en même temps. Mais face à cet impensable absolu d’hyper vulnérabilité de nos sociétés que l’on pensait tellement performantes, à part relire très métaphoriquement “La Guerre des Mondes” comme évoqué avec Elodie, (je rappelle le pitch : des monstres sans âme venus d’on ne sait où exploitent systématiquement les humains et la terre... spoiler : à la fin c’est un virus qui gagne...) , franchement, on est juste démunis, à poil quoi !
Mais il y a quelques bonnes nouvelles...
De nouvelles énergies : il y a des trucs de dingues qui se passent... comme ces réseaux de makers qui en quelques semaines et à partir d’une idée du compagnon d’une collègue de Xavier et Christelle ont mis en place un réseau d’approvisionnement en porte-visière plexi pour les personnels dépourvus d’un équipement de protection digne de ce nom. Je lis ici ou là que maintenant ça se déclinerait en valves de respirateurs. Des hôteliers ou des particuliers comme Cécile mettent leurs m² à disposition de ceux, soignants et réservistes, qui se battent contre cette #@!§\[! de virus.
Des solidarités solides : on peut soutenir ceux qui agissent, Fondation de France, AP-HP, Secours populaire, Secours Catholique - Caritas France, Médecins Sans Frontières, Médecins du Monde France, Fondation Abbé Pierre, Break Poverty Foundation, Institut Pasteur, Croix-Rouge française... En qualité d’ex fumeuse j’ai décidé de consacrer au moins les 10€ économisés de fait quotidiennement à mes dons, et d’abonder de 10 de plus (10 qui ne me coûtent rien puisque c’est juste l’économie en poison + 10 en plus ça fait 20 € par jour, faut suivre aussi !). Comme j’ai du retard j’ai commencé hier avec Break Poverty Foundation et son programme d’équipement de jeunes défavorisés en ordinateurs portables pour l’école à la maison... (merci Valérie). Et évidemment cette sélection est absolument non exhaustive, j’en ai sûrement oublié plein, complétez la liste dans les commentaires...
On peut, comme l’a commencé Nicolas, balancer du #feelGood dans les fils Facebook et Twitter (enfin Twitter reste Twitter faut pas rêver non plus) ou comme le suggère Christophe s’imposer une #Detox Réseaux Sociaux le week-end... D’autres comme Laurent, Gwénola participent à des chaines de photos de plage ou de paysages, ou comme Evelyne, Erwan et Margot de photos d’eux enfants. Avec Mandine, Laurence (enfin Chantal via Laurence en vrai), mais aussi avec Maeva, Claude (bon si son boulot lui en laisse le temps) ou Alexandre je sens bien venir le #MarmitonChallenge.
On peut prendre des nouvelles de ceux avec lesquels on n’a pas échangé depuis longtemps et se réjouir de rapprochements inattendus, comme par exemple lire Yacouba et Ousmane reprendre une conversation qui remonte à 1996... Ou découvrir au fil des échanges que de Valerio à Yacouba en passant par Antoine, Gwénola ou Laurent - décidemment- j’ai beaucoup (trop ?) de Nantais dans mes amis FB...
Allez, confinez bien... demain est un autre jour et il nous faudra un max de forces et beaucoup de bienveillance pour l’inventer ensemble !