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vendredi 20 janvier 2023

Si on parlait retraites...

Bon allez, c'était donc la grande journée de mobilisation contre la réforme des retraites.


D'un côté un constat, globalement on vivra tous plus longtemps, et on l'espère plus longtemps en bonne santé. Bref la logique démographique veut que, si on ne change rien, dans la construction de notre logique de retraite par répartition, moins d'actifs cotisants devront contribuer au versement, plus longtemps, de plus de retraites...

Tout cela relève du simple bon sens diront certains...

Je ne vais pas me lancer dans un exposé fastidieux avec interprétation personnelles des données du COR mais relever (juste) quelques hypocrisies.

1- Cotiser plus longtemps, c'est aussi cotiser plus longtemps à tout, y compris assurance chômage et assurance maladie. Donc, et malgré les volte-face du discours gouvernemento-présidentiel, il y a bien un enjeu d'équilibre des régimes bien au delà du seul régime des retraites...

2- Un détail, car concerne surtout ceux dont l'espérance de vie en bonne santé est la plus longue, mais quand même, si comme moi vous êtes cadre et êtes allés consulter votre relevé et procéder à une simulation, vous aurez constaté qu'une retraite à plein régime AGIRC-ARRCO, c'est déjà de l'ordre de 67 ans (avec un différentiel non négligeable vs décôte en cas de départ à l'âge limite régime général).

3- Les heures supplémentaires bénéficient de taux réduits de cotisation (salariales et patronales) et de fiscalité, sans ouvrir droit, me semble-t-il, à une pondération en trimestres : bref ceux qui travaillent plus contribuent moins, accessoirement constituent une alternative à la création d'emploi, et n'y gagnent pas en droits à la retraite... c'est un peu "tout le monde est perdant" - pour le moins tordu quand même !

4- Ne parlons pas du taux d'emploi des seniors (heureusement que nous allons cotiser plus longtemps au chômage - sic), de l'impact pour les associations sur le recrutement de bénévoles (alors sauf en mécénat de compétences, grande trouvaille de grands groupes pour caser leurs salariés, notamment cadres, en fin de parcours).

5- Et enfin, tout cela repose sur l'idée semble-t-il indépassable, que notre modèle de solidarité repose essentiellement sur les revenus du travail et la consommation : bref aux travailleurs et uniquement aux travailleurs, de financer les retraités, et sous prétexte de bataille pour l'emploi, transformation de l'ISF en IFI sans le bilan promis, baisse de l'IS et des impôts de production à l'appui, au consommateurs (TVA : 38% des recettes fiscales) et aux particuliers (IR : 24%) de contribuer majoritairement à la solidarité nationale... Autrement dit, ce qui finance les réductions d'impôt accordées aux entreprises, c'est de la dette, et la contribution des consommateurs et particuliers. Et toute sollicitation de nos gouvernants pour questionner cet axiome est battue en brèche au nom de la bataille pour l'emploi et de la défense des gentils investisseurs sans qui aucune création d'emploi n'est possible.

7- Cerise sur le gâteau le discours insupportable en mode "c'est démocratique, c'était dans le programme" alors 1. Elodie me souffle dans l'oreillette que, ben non en fait pas dans le programme papier. 2. C'est un repoussoir à mobilisation électorale, notamment sur les seconds tours car si voter = donner un blanc seing à TOUT... comment vous dire ? C'est une confiscation ET un danger pour la démocratie...

8- Ajoutez à cela une gauche politique inaudible si tant est qu'elle existe encore, perdue qu'elle est dans ses contradictions internes et ses égarements sociétaux, je ne vous parle même pas des élections au P.S. qui achève son pénible suicide pas vraiment assisté et vous obtenez là un joli cocktail bien explosif.

C'est à ce moment que certains députés Renaissance semblent se souvenir enfin d'où ils viennent, tandis qu'un ministre et un chef de parti s'échangent des mots doux sur le thème de la trahison de la social-démocratie.


#Bref, tout va bien ! En attendant la retraite, faites comme moi, n'attendez pas pour vous consacrer à des loisirs de retraité-e. Pour ce qui me concerne, confitures et tricot les week-ends.



7 commentaires:

  1. Ah ah ah, comme je n'écris plus si souvent la proximité du point 7 avec le billet sur les castors juniors et les échanges qui s'en étaient suivis est presque savoureuse...

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  2. La lecture + assidue, c'est considéré comme un loisir de retraité ? Ceci dit, j'ai tout lu :) je n'en pense pas moins. Comme beaucoup de gens (je pense) je n'ai pas et je n'irai pas faire la simulation, suis pas maso hein. Et puis je me dis, fataliste, que d'ici 20 ans (ma possible retraite), il sera passé beaucoup d'eau sous les ponts et de coupes sombres dans les acquis.

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    1. Si ce ne sont que des coupes sombres, vous aurez encore de la chance.

      Malheureusement, ce sera certainement des coupes claires…

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  3. C'est surtout que les récentes mesures d'exonérations de charges pour les entreprises (CICE, réductions de charges diverses et variées) n'ont guère montré d'influence sur le marché de l'emploi. Une entreprise va recruter si elle a des besoins et si elle trouve un profil qui remplit ses besoins, pas forcément pour bénéficier d'une quelconque exonération de charges.
    C'est souvent un effet d'aubaine qui permet de recruter "moins cher" pour les entreprises... mais à quel prox pour les salariés ?

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  4. Le point 2 bravo ! le coup de p********e de 2015 des syndicats réformistes et du PS pour "sauver" le régime de la faillite. Sinon autre point que tu oublies : la dette, qui sert à payer des retraites, ça existe car certains régimes sont dans le rouge... pour des raisons démographiques. Et personne ici n'a relevé un truc : Dans le peuple des retraités, 3 déciles, les derniers ont 3 fois plus revenus immobiliers que les actifs à même niveau. C'est la France des rentiers frileux et multi-propriétaires: Les "boomers" en SUV. Ceux là ont en plus des niches fiscales taillées pour eux... des abattements injustifié quand ce n'est pas de la niche immobilière. On les a vu couiner dans les médias quand Macron a rajouté un point de CSG et que ça leur bouffait 50€ de plus par mois... un point, règle de 3, estimez la retraite mensuelle...

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    1. Alors, comme je l'écris, statistiquement les cadres ont une espérance de vie en bonne santé supérieure, donc en vrai ça ne me choque pas tant que ça ce d'autant que dans la situation actuelle on raisonne toujours en trimestres cotisés. C'est vraiment, pour le régime général, cette notion d'âge quand bien même tu as déjà cotisé le nb de trimestres qui constitue une injustice réelle (en gros plus jeune tu commence à bosser, plus longtemps il te faudra travailler pour avoir juste les mêmes droit que celui ou celle qui aura démarré 2, 3 ou 4 ans après toi).

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