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samedi 26 juin 2021

Ca faisait bien bien longtemps... et si on (re) parlait de la gauche ?


Je mets ici des pétales de fleur sans rapport avec le sujet
(ou si peut-être), les fleurs ça cartonne en engagement !
Oui, comme beaucoup ici j'ai été frappée d'atonie blogo-covidesque. 

Et puis quelques échanges sur Facebook, une élection régionale pas encore pliée (oui désolée je suis parisienne et pas concernée par les cantonales départementales), et une envie de reparler politique tiens !

Dans quel état erre la gauche, francilienne ou nationale ? 

En PACA elle se retire se muselle au profit de Muselier, castor un jour, castor toujours n'en déplaise au vaillant ami Stéphane. En île de France elle s'allie, dans un attelage que Nicolas juge contre nature, encore préoccupé qu'il est de l'envie de rallier le centre gauche, oubliant au passage que c'est justement l'absence de marqueurs de gauche qui fit le naufrage de la présidence de Pépère, et le siphonnage dudit centre gauche par le jeune père de la nation, comme le nomme astucieusement Yann, que je vous conseille de suivre et de lire sur Facebook au passage (non, malgré un billet quotidien il n'a pas de blog, il faut dire que contrairement à Boris ou moi-même, il se tient à bonne distance de Nicolas et Elodie).

Alors qu'en penser ?
Oui bien sûr pour les plus universalistes d'entre nous les appels du pied de certains écolos et de LFI à l'indigénisme et à la culture Woke font mal ! Cette gauche qui s'engouffre dans le sociétal populiste au point d'en oublier le social, voire de le piétiner ! J'affabule ? Allez, dernier exemple en date : militer pour la déconjugalisation de l'AAH (Allocation Adulte Handicapé), ce qui m'a valu un bref échange avec Margot.

Je vous explique : l'idée c'est que l'AAH est là pour compenser le handicap de la personne, et donc les revenus du conjoint ne devrait pas entrer en considération pour son calcul.
1er problème : comme toute aide conditionnée aux revenus, la référence est le foyer fiscal. On peut au passage s'étonner de voir des gens de gauche s'asseoir sur ce premier échelon de solidarité qu'est la cellule familiale pour défendre une position disons individualiste, mais bon - faisons le pont avec une indignation légitime, les violences conjugales, ou plus exactement l'éventualité d'un risque de violences conjugales - et vous avez un discours bourré de bonnes intentions prêt à l'emploi. L'enfer en est pavé nous dit-on.

Mais bien plus croquignolet, le diable est dans les détails... Parce que ce raisonnement ne fonctionne que si l'allocataire de l'AAH gagne moins que son conjoint. Déjà c'est rigolo (ou pas) de prendre ceci pour acquis, mais passons. Là où ça devient très très très croquignolet, c'est que se passe-t-il quand le conjoint gagne moins que l'allocataire de l'AAH (c'est à dire vraiment moins que pas grand chose) ? Et bien la déconjugalisation se solderait par une baisse de l'AAH. Et donc nous avons vu des LFI, François Ruffin entre autres, défendre (avec LR, l'UDI et le RN mais eux au moins on comprend pourquoi), par pure démagogie, un texte dont la première conséquence aurait été de favoriser des foyers aisés (enfin disons classe moyenne aisée, ça reste une allocation sous conditions de ressources) et de faire basculer dans la misère des foyers déjà précaires : les rapporteurs du Sénat ont donné quelques exemples qui parlent d'eux mêmes. Franchement, chapeau l'artiste !
Bref si vous vouliez une autre preuve que LFI s'égare, et que ce n'est pas qu'une question de Lider Minimo, bienvenue !

Pour autant, quelles réponses apportons nous aux vraies questions que soulève cette nouvelle gauche, celle qui séduit les plus jeunes (quand ils se déplacent encore jusqu'aux urnes) ? Que disons sous sur l'environnement et le réchauffement climatique ? Que disons-nous à ceux qui nous renvoient à la figure les inégalités de fait quand nous clamons égalité des droits ? Quel discours émancipateur pour répondre au discours victimaire ? Au moins de ce point de vue la droite est claire en prônant jusqu'à la naïveté l'émancipation individuelle. Coupée des syndicats, eux mêmes coupés du monde des plus fragiles et cantonnés aux grandes entreprises et administrations, la gauche est à la rue pour ce qui est de proposer un nouveau chemin d'émancipation collective.

Alors Elodie Jauneau présidente et quelques acolytes s'essaient à lancer une nouvelle dynamique, je n'ai pas encore tout lu, je ne suis pas certaine d'être d'accord avec tout, mais au moins c'est un bon départ pour retrouver des marques. Parce qu'il va falloir se remettre à penser, à parler et à faire politique !

Welcome back les gars (et les filles, #§!%\ sois inclusive) !






12 commentaires:

  1. Merci d’avoir cité le manifeste à la fin de ton billet de blog.
    Je suis à peu près sûre qu’il répondra à nombre de questions que tu poses dans ton billet.
    Quand j’aurai retrouvé l’usage de ma main, et que j’arrêterai de dicter des choses à mon téléphone, je reprendrai moi aussi le clavier, pour bloguer à nouveau.

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    1. Ma chère, la plupart des blogueurs (mais pas vous, hein !) écrivant avec leurs pieds, je ne vois pas pourquoi vous devriez attendre d'avoir retrouvé l'usage de votre main (en tout cas pour bloguer…).

      Pour ce qui est de l'avenir radieux de la gauche… bon courage à tou-te-s !

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    2. A propos de choses bien écrites et de manifeste, je bloque dès le préambule/ l'intitulé. La référence à l'altruisme me fait à peu près le même effet que le mot caritatif. J'imagine que les mots ont été soigneusement pesés, mais quid de la bonne vieille solidarité ? Il va donc falloir que je commette un billet sur ce syndrome de culpabilité bourgeoise qui génère à droite le paternalisme, à gauche au mieux le care, au pire le soutien inconditionnel à toute revendication victimaire...

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  3. J'ai pas tout compris à cette histoire de AHH...

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    1. Je la refais
      L'AAH est une prestation de compensation du handicap, sous condition de ressources...
      Comme toute prestation sous condition de ressources, c'est le foyer fiscal dans sa globalité qui est pris en compte...
      D'où une revendication en mode "c'est pas juste" et compréhensible = c'est un droit à compensation de MON handicap, ce n'est pas à mon conjoint de compenser mon handicap avec ses revenus...
      Sauf que concrètement, déconjugaliser l'AAH ne favoriserait que les couples où le conjoint gagne plus que la personne en situation de handicap, et mettrait carrément dans la mouise les couples où c'est l'inverse à savoir les vraiment plus fragiles économiquement (genre le conjoint ou le parent aidant à 100% chômage non indemnisé) : l'infographie des sénateurs (lien dans le billet) est très éclairante...

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    2. Je vais regarder de plus près…
      Cela dit, la prime pour l’emploi par exemple, elle est déconjugalisée hein.
      Donc je ne comprends toujours pas très bien où est le problème (ma passion pour les chiffres sans doute).

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    3. Elle est sous conditions de ressources (la prime pour l'emploi) ? Perso c'est notre directeur des affaires publiques préféré qui a éclairé ma lanterne... Mais bon on va dire que l'intention est bonne, mais que l'application est catastrophique pour les plus précaires ce qui serait ballot pour une mesure de gauche ou défendue par la gauche. (de toutes façons ce n'est pas passé en 2ème lecture donc en fait...)

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    4. par ailleurs "Pour un couple marié sans enfant à charge, la CAF prend en compte l'ensemble des revenus du foyer. C'est-à- dire qu'une seule personne du couple pourra faire la demande de prime d'activité. Pour calculer le montant de la prime d'activité, les revenus des 2 membres du foyer sont pris en compte." C'est pas très déconjugalisé tout ça...

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  4. « Que disons-nous à ceux qui nous renvoient à la figure les inégalités de fait quand nous clamons égalité des droits ? »

    Vous pourriez peut-être leur dire qu'une égalité de droits n'est pas là pour supprimer les inégalités de fait, qu'elle est d'un ordre différent.

    Et, là, vous voilà partie pour des explications qui vont durer des plombes et ne servir probablement à rien…

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    1. Je ne vous le fais pas dire.
      Mais j'admets que la formulation était sans doute un peu trop rapide. "Que disons nous à ceux qui voient leur égalité de droits constamment (fréquemment ?) bafouée par les faits ?" eût sans doute été plus opportun. On peut s'arrêter à la loi, ou s'accorder à constater qu'elle n'est pas appliquée par tous uniformément, particulièrement quand on parle accès à l'emploi ou au logement, sans tomber dans un égalitarisme soviétisant ou maoïsant (l'un comme l'autre ayant d'ailleurs prouvé leur vacuité par le mandarinat ou l'apparatchikariat - je sais néologisme malheureux mais je n'ai pas trouvé mieux).

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    2. Mais non, il est très bien venu votre "aparatchikariat" !

      Sinon, en effet, dans la nouvelle formulation, on comprend nettement mieux ce que vous vouliez dire. Et qui devient, de ce fait, tout à fait recevable.

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