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mardi 18 avril 2023

Puisqu'il me faut... m'y remettre !

Puisqu’il me faut me remettre à bloguer (c’est bien parce que Nicolas Jegou insiste)

Je pourrais faire directement de longs posts Facebook comme Yann que je vous conseille de demander comme ami puisque c’est la seule façon de le lire (quoi que je m’en vais de ce pas vérifier si ses billets sont publics, ce qui serait une bonne chose).

Je pourrais vous résumer l’allocution présidentielle comme Elodie v1, ou comme Elodie v2.

Trêve de plaisanteries, entre le dépit délire (dépire ?) et la colère cette pratique du pouvoir nous laisse finalement assez désarmés, elle est délétère, fondamentalement anti-démocratique et les références napoléoniennes ne sont pas pour me rassurer. J’ai écrit ailleurs mon appréhension d’un 18 Brumaire, mais pb1/ qui pour jouer les abbés Sieyes, pb2/ le peuple de l’époque était pour Bonaparte, ou d’un décembre 1852 là encore sans un Hugo, qui s’en repentit par la suite comme chacun sait.

C'est joli les pigeons (ramiers hein, pas bizets parisiens)

On me faisait remarquer récemment à quel point notre pays était administré plus que gouverné. Oui, en y réfléchissant c’est frappant : très peu de politiques de 1er plan au gouvernement (et tous peu issus de la droite), beaucoup de fonctionnaires plus ou moins hauts dont le coup d’après ne se joue pas dans les urnes mais dans le pantouflage, a priori assuré si ce n’est dans une administration ou un un EPIC, dans un groupe privé tant on veille à ménager l’actionnaire. C’est génial ça évite les couacs et l’électoralisme diront les uns ! Ça coupe surtout totalement les gouvernants du pays réel, pas de remontées du terrain depuis les permanences du suppléant à l’Assemblée. Ça donne un récit en forme d’éléments de langage qu’on se répète en boucle et entre soi jusqu’à oublier ce qu’ils sont pour y croire vraiment. Je ne sais pas si vous avez regardé l’excellent sujet de la 5ème sur les russes sous Poutine, mais je commence à croire vraiment que ceux qui nous gouvernent vivent dans une réalité alternative qu’ils ont eux-mêmes construite, une réalité dans laquelle :

-          Le logiciel reste bloqué sur les années 90/2000 

       avec comme marqueurs la sacro-sainte croissance, seul remède possible au problème de la dette (mais non ceci n’est pas une fuite en avant), la baisse des impôts, et le chômage sans considération pour la qualité de l’emploi… précarisons précarisons à coup/coût d’auto-entreprenariat, temps partiel, multiplication des petits jobs pour les bacs pro qu’il faut développer (ben oui ça fait plus de gens qui rentrent tôt dans la vie active et la cotisation jusqu’à 64 ans soit bien plus de 172 trimestres… ne perdons pas le fil non plus), bétonisation de terres agricoles au profit de plate-formes logistiques pour livrer payables en 10 fois sans frais des biens inutiles à des gens qui n’ont que ça (la consommation « facile ») pour se consoler…

-        L’opposition n’appartient qu’au registre émotionnel, 

      elle est colère qu’il faut apaiser, crise de nerfs qui justifie au mieux une période de convalescence, ressentiment savamment entretenu par une posture délibérée (oui je crois encore à l’intelligence et au calcul dans l’entourage présidentiel) mais lui accorder le bénéfice d’une rationalité quelconque est une faute qu’aucun porte-flingue jamais ne commettra. Le peuple et les oppositions (politique, syndicale) sont des enfants turbulents qui font leur crise, ça leur passera… Les parents certes aimants et compatissants, mais fermes, sont là pour faire leur éducation…

-        L’impasse est totale sur les préoccupations

      de la jeunesse : la lutte contre toutes les formes de discrimination (le Conseil Social de l’Europe vient à ce propos de rappeler la France à ses obligations sur le handicap, tiens, au lieu de nous construire une giga opé de com autour des jeux Paralympiques) – on peut penser ce qu’on veut du « wokisme » mais il faut quand même entendre cette demande puissante, contre le réchauffement climatique et ses conséquences et plus largement pour la transformation de nos modèles énergétique, agricole et industriel

      et celles des moins jeunes (le devenir de l’Europe dans un monde multipolaire Sino-Russo-Américain et marqué par la montée des forces très réactionnaires de la Pologne à la Turquie en passant par la Hongrie pour rester près de chez nous).

-        Vous l’aurez noté, de tous ces sujets il ne fut pas question dans l’allocution d’hier. Non surtout pas de projection dans un destin commun. Une courte vue à 100 jours pour distribuer en aumône des médecins référents et des vacataires balancés sans formation dans les classes de nos enfants, mettre au boulot ces feignasses d’allocataires du RSA et fournir aux entreprises de la main d’œuvre sous-diplômée prête à l’emploi (Ah ! le lycée professionnel) tout en exerçant un chantage indigne sur les syndicats (et j’avoue que la reprise par les éditorialistes de l’expression de « main tendue vers les syndicats » me hérisse quelque peu). Vous voyez, un peu ce que font un peu les mauvais parents après une colère : « change-lui les idées mais ne cherche surtout pas à comprendre ce qui a motivé cette réaction, ce serait lui donner trop d’importance ». Bon, cela dit si vous avez été parents vous savez aussi où ça mène si on ne change rien… répétition, intensification et rapprochement des colères entraînant la surenchère des compensations.

Et toujours cette désespérance face à l’absence d’alternative crédible. Que seuls 4 députés Renaissance aient quitté le groupe reste affligeant. Il serait aussi naïf de notre part que cette déconstruction méthodique (d’abord à gauche, puis à droite) de toute alternative crédible ne fait pas (elle-aussi) partie du projet, un projet fondamentalement techno et auto cratique  Un projet de sachants « pour le bon peuple » foncièrement anti-démocratique que je finis par redouter autant et détester bien plus qu’un populisme (auquel je m’opposerais évidemment de toutes mes forces).

Parce que ne nous y trompons pas, les seuls termes de l’alternative en 2027, si rien n’émerge à gauche ou à droite "de gouvernement" - et cela ne pourra se faire que par le ralliement d’ex LREM/Renaissance/Avenir en commun (vous avez remarqué il a même réussi à éparpiller son propre camp)  donc difficile en leur cognant dessus à longueur de temps -  seront élitisme technocratique (mais quelle incarnation tant notre si jeune Père de la Nation - je pique l'expression à Yann, quand je vous écris qu'il faut le lire, imprépare sa propre succession ?) ou populisme.

De droite ou de gauche… on verra bien même si à date, le RN semble mieux tirer son épingle du jeu qu’une NUPES LFisée.


5 commentaires:

  1. Qu'est-ce que j'ai encore foutu, moi ?

    On est d'accord sur la conclusion : pour remettre une majorité à gauche, il faut le ralliement d'anciens proches. Je le formule différemment (voir mon billet de ce matin).

    En marge, tu as raison sur un point : le manque de personnalités politiques de premier plan au gouvernement (à part deux ou trois guignols de droite). C'est d'ailleurs à peu près pareil à l'Assemblée (à part peut-être chez LR). J'en tire quand même une conclusion (hors sujet) : peut-être que le non cumul des mandats fait que les cadors restent cloitrés dans leurs bastions locaux... Donc ce n'était peut-être pas une bonne idée.

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  2. Tout à fait d'accord !
    Sauf avec l'allocation en lieu et place de l'allocution 🤣

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  3. En beaucoup mieux écrit... https://www.telerama.fr/debats-reportages/nos-elites-voient-le-peuple-comme-un-enfant-si-on-l-engueule-un-bon-coup-il-va-se-calmer-7015204.php

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